Conclusion: retour sur le chemin parcouru

L'oeuvre Give Peace a Chance (2009) par Linda Covit, Marie-Claude Séguin de la firme Cardinal Hardy et associés.
Photographie de Give Peace a Chance (2009) par Linda Covit et Marie-Claude Séguin
de la firme Cardinal Hardy et associés. L'installation est située au Parc Mont-Royal.

Publié le 09 janvier 2022 par Émy Charron-Milot


Chers lecteurs et chères lectrices,

La nouvelle année est déjà bien entamée, ce qui signifie que mon baccalauréat et mon stage chez la Maison MONA sont désormais terminés. Lors de mon premier billet de blogue, publié le 24 septembre dernier, j’ai annoncé mon but, soit de valoriser l’art public à Montréal et de mettre en lumière la production artistique issue de la diversité.

Alors que je reviens sur le travail accompli durant mon stage et sur l’ensemble des recherches effectuées, je vous propose une brève récapitulation des sujets discutés depuis ce premier texte. J’aimerais d'ailleurs souligner les photographies du présent billet, lesquelles s’inscrivent dans un projet de cartographie des œuvres qui ont été analysées ou mentionnées, et ce, tout au long de mes entrées de blogue. Ce projet nous permet de remarquer la façon dont les œuvres d’art public sont réparties dans la ville. Ainsi, la plupart des œuvres abordées sont rassemblées dans des endroits précis, comme l’îlot Bonaventure, le Mont-Royal ou le quartier Saint-Henri par exemple. Au contraire, d’autres sont plus répandues, particulièrement en ce qui a trait aux monuments commémoratifs, qui sont éparpillés dans la ville. Ces regroupements ou ces dispersements permettent d’illustrer l’abondance de l’art public dans certains secteurs de la ville. Ces photographies sont une représentation de l’évolution des déplacements à travers l’espace urbain montréalais, au gré des enjeux et des catégories artistiques qui m'intéressaient.

D’abord, le premier billet agissait en tant qu'introduction, où les bases des entrées de blogue à venir ont rapidement été posées. Mes intentions quant à ces dernières étaient d'agir en tant que supplément à l’application MONA. Pour ce faire, je voulais aborder diverses formes d’art public afin de les rendre plus faciles d’accès, figurativement parlant, et d’offrir une compréhension approfondie de certaines œuvres en lien avec des enjeux cibles, tels que la mise en valeur de la diversité. J'avais rapidement mentionné les œuvres de Nadia Myre, Dans l’attente... (2019), de Michel de Brouin, Dendrites (2017), de Jaume Plensa, Source (2017), et d’André Fournelle, Espace cubique ou Hommage à Malevitch (1992), dans une volonté d’illustrer l’invisibilité momentanée de l’art public et sa difficulté d’appréhension.

Photographie d’une carte de la ville de Montréal et de trois punaises magenta.
Ces trois punaises roses marquent l’emplacement des œuvres de Myre, de Brouin et de Plensa. Notons que l’installation de Fournelle se situe à Lachine, hors du cadre de la carte.

Lors du second billet de blogue, les beaux-arts et la perspective féministe étaient au centre de l'attention. À cet effet, le Symposium international de sculpture du Mont-Royal, l’œuvre Sans titre (1964) de Shirley Witebsky et la Sculpture bidon (2012) de Valérie Blass m'avaient occupé. Ainsi, ce sont les notions d’essentialisme (féminin) et de rapports de pouvoir inégaux dans les dynamiques artistiques, notamment entre le sujet regardé et les spectateur·rice·s, qui ont été mises de l'avant. De la même manière, certaines disparités dans le domaine des beaux-arts publics avaient été soulignés.

Photographie d’une carte de la ville de Montréal et de plusieurs punaises bleu marine et d’une, noire.
Ces punaises bleues marquent l’emplacement des œuvres mentionnées dans le second billet, c’est-à-dire l’ensemble des sculptures réalisées lors du Symposium, ainsi que les œuvres de Valérie Blass, de Linda Covit et de Pierre Blanchette. La sculpture de Robert Roussil, aujourd’hui disparue, est marquée par une punaise noire.

Puis, dans le cadre du troisième billet, l'attention a été dirigée vers les médiums de la murale et, plus généralement, du street art. Dans une perspective de mise en valeur des productions artistiques autochtones dans la ville, par ailleurs présentes en plus grand nombre dans les murales que dans d’autres médiums d’art public, je me suis particulièrement intéressée à l’édition 2017 du festival Voix insoumises/Unceded Voices. Au fil de notre réflexion sur les murales, la précarité et l’éphémérité du médium sont apparues avec clarté, alors que plusieurs œuvres, notamment celles de Dolly Deals, de Shana Strauss, de Jessica Canard et de Dayna Danger, réalisées en 2017, sont aujourd’hui presque ou entièrement disparues.

Photographie d’une carte de la ville de Montréal, de cinq punaises jaune et de deux, noires.
Ici, les punaises jaunes illustrent les murales de Jessica Sabogal, de Shanna Strauss, de Cedar Eve Peters, de Chief Lady Bird et d’Aura, puis d’Elizabeth Blancas, qui ont été réalisées en 2017 lors d’Unceded Voices/Voix insoumises. Les deux punaises noires marquent l’endroit où se trouvaient auparavant les œuvres de Dolly Deals ainsi que de Dayna Danger et de Jessica Canard.

Plus récemment, les quatrième et cinquième billets ont pris la forme d’une courte série sur le monument commémoratif. En première partie, je me suis attardée au monument issu de la tradition coloniale et qui véhicule une compréhension fixe et immuable d’une histoire biaisée et discriminatoire. Ainsi, afin de remédier aux protestations entourant ces monuments, j'ai ensuite étudié les formes commémoratives alternatives, telles que le contre-monument et le monument affirmatif. Si ces derniers ne sont cependant pas dénués de défauts, j'ai tenté d’explorer les avantages et inconvénients de ces nouvelles formes commémoratives.

Photographie d’une carte de la ville de Montréal.
Les punaises d’une couleur vert menthe montrent l’emplacement des Monuments à Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve, à Jacques-Cartier, à Dollard des Ormeaux et à la Reine Victoria. La punaise noire marque le Monument à John A. Macdonald.
Photographie d’une carte de la ville de Montréal et de plusieurs punaises.
Les punaises turquoise sont plus nombreuses que les précédentes. Par ailleurs, trois œuvres ne sont pas visibles sur cette photographie puisqu’elles étaient trop éloignées. Les punaises marquent plusieurs Monuments aux braves..., ainsi que les œuvres de Marcelle Ferron, de Gilbert Boyer, de Charles Joseph, de Rose-Marie Goulet et Marie-Claude Robert, de Dominique Dennery, de Roger Langevin, de Jules Lasalle et d’Elizabeth Frink. Finalement, la statue de James McGill (1996) par David Roper-Curzon est identifiée par une punaise noire.
Photographie d’une carte de la ville de Montréal et de plusieurs punaises.
Cette vue d’ensemble des punaises, incluant les trois turquoise marquant les œuvres de Françine Larrivée, de Gilles Mihalcean et de Dominique Dennery, nous permet de mieux saisir l’éparpillement des œuvres analysées. Plus précisément, cette dernière photographie illustre la présence répandue de l’art public à divers endroits de la ville.

En somme, ce travail effectué dans le cadre du blogue m’a permis de rehausser la présence de l’art public à Montréal. L’apport de l’art public pour la ville et sa population a été mis en évidence, au moyen d'une visibilité améliorée grâce au blogue. De plus, différents enjeux entourant l'art public et ses oeuvres ont été soulignés, et ce, en mettant l'accent sur la valorisation de la diversité, tant au niveau des créateur·ice·s que des sujets ou des formes artistiques.

D’ailleurs, si mon intérêt pour l’art public était déjà bien présent avant mon stage chez la Maison MONA, il s’en trouve désormais décuplé. En effet, mon attention à l'intention de l'art public est bien plus développée qu'auparavant et il me semble que je ne cesse de croiser des œuvres, toutes plus intéressantes les unes que les autres! J’espère ainsi vous avoir communiqué mon intérêt et mon attention pour (l’histoire de) l’art public, ses œuvres et ses acteur·rice·s.