Publié le 24 septembre 2021 par Émy Charron-Milot
Bonjour chers lecteurs et chères lectrices,
Je me présente, Émy Charron-Milot, je suis étudiante en troisième année au baccalauréat en histoire de l'art à l'Université de Montréal. Cet automne, j'effectue un stage auprès de la maison MONA, car la mission qu'elle poursuit me tient à cœur.
L'art public à Montréal, et ailleurs, fait partie intégrante de nos vies. Les œuvres sont nombreuses et elles se présentent à chaque coin de rue...ou presque! La riche collection d'art public montréalaise est un atout considérable à la ville et je crois qu'elle embellit notre quotidien. Il faut toutefois faire preuve de prudence, car ces œuvres d'art que l'on côtoie quotidiennement ont l'aptitude de se fondre dans le décor urbain.
Si notre environnement culturel offre une multitude d'œuvres, toutes plus intéressantes les unes que les autres, il suffit d'avoir l'esprit occupé pour qu'elles ne passent inaperçues. J'offre un exemple : Combien de fois avez-vous croisé la même œuvre qui se trouve sur le trajet de l'école ou du travail? Et de celles-ci, combien de fois vous êtes-vous arrêté pour la regarder attentivement ou pour en connaître le titre, l'artiste ou la signification? Pour ma part, j'emprunte régulièrement le même trajet, sur lequel sont parsemées plusieurs œuvres. Cependant, ce n’est que tout récemment que j’ai pris conscience de l’œuvre de Nadia Myre, intitulée Dans l’attente (2019) et qui est située dans l’arrondissement Ville-Marie, précisément dans l'îlot Bonaventure. De cette façon, lorsque j'arrive à Montréal en direction de la Rive-Sud, je rencontre successivement les œuvres de Jaume Plensa Source (2017), de Nadia Myre et de Michel de Broin Dendrites (2017). Le trio est installé entre deux routes passantes, ce qui assure aux œuvres un maximum de visibilité, non? C'est ce que je croyais aussi, jusqu'à ma récente prise de conscience, où j'ai réalisé que je n'avais jamais réellement regardé l'ensemble des sculptures formant l'œuvre Dans l’attente... Sa fine structure métallique lui a permis de se fondre aisément dans le décor environnant et j'ai négligé une œuvre, pourtant si intéressante, en étant distraite. De fait, Myre affirme l'histoire et la présence autochtone sur le territoire de la ville, par le biais de son œuvre, choisie au terme d'un concours pancanadien en 2018. Plusieurs images et symboles, apposés en guise de signatures de la Grande Paix de Montréal en 1701, sont matérialisés dans les sculptures.
Ce que je souhaite souligner au moyen de cet exemple, c’est qu’il est parfois (trop) facile d’ignorer l’art qui nous entoure et c’est là l’importance de l’application mobile MONA. Sa formule interactive permet une plus grande reconnaissance de l'art public, où c'est grâce à son fonctionnement agréable, de type chasse aux trésors artistiques, que se formeront de nouveaux spectateurs et de nouvelles spectatrices avertis·es à l'égard de ces œuvres. Il faut se rendre à l'évidence, si à mes yeux d'historienne de l'art, la collection d'art public à Montréal paraît fascinante et débordante d'intérêt, ce n'est pas un point de vue universel. Prenons l'exemple d'Espace cubique ou Hommage à Malevitch (1992), l'installation par André Fournelle , laquelle est située dans le Parc du Musée de Lachine. Si la référence au travail avant-gardiste de l'artiste Kasimir Malevitch est claire, son titre est suffisamment évocateur, encore faut-il connaître son Carré noir sur fond blanc (1915) pour en comprendre l'étendue.
Voici pourquoi j'entame le premier billet d'une courte série, servant à promouvoir la visibilité de l'art public à Montréal et à rendre ses œuvres plus accessibles pour ceux et celles qui aimeraient en apprendre davantage, et ce, sans nécessairement détenir des connaissances préalables ou s'avancer dans des recherches de longue haleine sur l'histoire de l'art et ses implications.
Dans les semaines à suivre, je me concentrerai au développement d'articles explicatifs articulés autour des différentes formes artistiques qu'il est possible de retrouver dans l'application MONA, pensons notamment aux beaux-arts, aux murales ou aux arts décoratifs.
L'application MONA a déjà rendu la découverte de l'art public plus facile et plus divertissante, mon objectif est donc d'offrir un complément à cette exploration à travers différents concepts et œuvres que j'analyserai en détail au fil des semaines.
En outre, je m'engage à la valorisation des artistes dits·es issus·es de la diversité et leur travail à travers mes différentes publications sur le blogue. Il est primordial de faire preuve de sensibilité à cet égard, ce que je réaliserais en m'intéressant, principalement, aux œuvres issues de la diversité et en offrant une perspective axée sur les enjeux actuels entourant le sujet.
En guise d'introduction à la prochaine publication, attardons-nous à ce que signifie concrètement l'art public.
Son appellation est sans équivoque: c'est un type d'art, qui se présente dans l'espace public, c'est-à-dire en dehors des espaces traditionnellement consacrés à l'exposition œuvres d'art (musées, galeries, etc.). Ces œuvres se manifestent sous diverses formes, de la murale, à la sculpture, en passant par l'architecture et l'installation, pour n'en nommer que quelques-unes. Si certaines se présentent sous une forme temporaire, la plupart s'installent de façon permanente dans l'espace public urbain, de manière plus ou moins imposante.
En fait, le problème lorsqu'on tente de définir l'art public, c'est sa fluidité et son adaptabilité. Chaque œuvre est pensée en fonction d'un contexte environnemental, social et culturel différent et son degré d'interaction avec ces contextes est également variable. L'art public répond à la volonté de l'artiste ou du commanditaire de l'œuvre, où certaines répondent à un thème précis, interagissent avec le public qui les entoure tandis que d'autres s'inscrivent passivement dans le lieu où elles sont installées ou remplissent plutôt un rôle décoratif.
En bref, l'art public se décline sous de multiples formes et tendances et c'est ce que les prochains billets vont tenter d'éclaircir.
Lors de la prochaine publication, je m'intéresserais à la catégorie des beaux-arts et de ses implications dans le domaine de l'art public.
Si votre curiosité est piquée et que vous avez envie d'en apprendre davantage sur la catégorie de l'art public, je vous propose une courte lecture par Paul Ardenne. L'article s'intitule « L’implication de l’artiste dans l’espace public » et il traite de l'évolution de la place de l'artiste à travers le développement de l'art public. Il s'agit d'un complément intéressant, qui met en lumière différentes formes d'art public.
Ardenne, Paul (2010). « L’implication de l’artiste dans l’espace public », L'Observatoire, 36, [En ligne], https://doi.org/10.3917/lobs.036.0003. Consulté le 23 septembre 2021