Publié le 8 avril 2022 par Marguerite
Depuis le mois d’octobre, nous étions dans la phase recherche de notre Projet patrimoine. Lena, fondatrice et directrice de la Maison MONA, et moi, chargée de projet, avons rencontré des professionnels de l’art public, du patrimoine, ainsi que les responsables du patrimoine pour la Ville de Montréal et au ministère de la Culture et des Communications. Nous avons beaucoup appris de ces entretiens, l’équipe de MONA est donc maintenant en plein dans la phase de développement de l’application.
Pour nous replonger dans cette phase de recherche, je tiens à préciser qu’il y a quelques mois seulement, je m’y connaissais à peine en matière de patrimoine. J’ai donc dû commencer par la base pour comprendre qu’est-ce que ça veut dire le « patrimoine » ?
Selon le Conseil du patrimoine de Montréal, « le patrimoine désigne tout objet ou ensemble, naturel ou culturel, matériel ou immatériel, qu’une collectivité reconnaît pour ses valeurs de témoignage et de mémoire historique en faisant ressortir la nécessité de le protéger, de le conserver, de se l’approprier, de le mettre en valeur et de le transmettre ».
Bien que cette définition soit très englobante, il me semble qu’elle nous permet déjà de saisir que le patrimoine est un ensemble large d’objets, de constructions, d’événements, de lieux, de traditions, etc. Ceci dit, le patrimoine se fonde surtout sur le désir de protection de ces biens matériels et immatériels. Au Québec, la Loi sur le patrimoine culturel protège les biens culturels qui y sont inscrits de telle sorte qu’ils ne peuvent pas être modifiés ou encore démolis sans l’accord du ministère de la Culture et des Communications qui en a la charge.
Les immeubles et sites patrimoniaux peuvent avoir un statut de bien classé, cité ou déclaré par la loi. Cette distinction fait essentiellement référence à l’autorité qui souhaite protéger le bien. Le gouvernement, le ministère de la Culture et des Communications ainsi que les municipalités, les communautés autochtones et les MRC possèdent ce pouvoir. On dit que le ministère classe un bien patrimonial, qu’une municipalité, une communauté autochtone ou une MRC cite un bien et que le gouvernement déclare un bien.
Par exemple, la station-service de Mies van der Rohe ainsi que le la Maison Hurtubise sont des immeubles classés puisqu’il s’agit d’une protection provenant du ministère. La Maison Louis-Hippolyte-La Fontaine, protégée par la Ville de Montréal, est un bien cité et le site patrimonial du Mont-Royal est un lieu déclaré par le gouvernement.
Je ne peux cependant pas aborder la question du patrimoine sans parler des nombreux biens culturels qui ne sont pas inscrits dans la loi et pour lesquels des individus, chercheur·se·s et spécialistes revendiquent une protection. Les biens qui ne sont pas reconnus par la loi ne méritent pas moins d’attention, je pense ici au patrimoine kitsch, au patrimoine scolaire, mais aussi au patrimoine autochtone (et la liste pourrait s’allonger). En matière de patrimoine, la diversité en fait vraiment la beauté.
Cependant, cette grande diversité se révèle difficile à intégrer à une application comme MONA. Comme l’application puise dans les données ouvertes qui sont mises à disposition par les villes ou encore par le gouvernement, il serait impossible d’inclure de cette façon tous les types de patrimoine. Les biens qui ne sont pas inscrits dans la loi ont ce désavantage de ne pas être répertoriés dans des bases de données ouvertes et d’être mal documentés en général.
L’équipe a décidé d’ajouter les immeubles et les sites patrimoniaux qui sont inscrits dans la Loi sur le patrimoine culturel. À Montréal seulement, cela représente 185 immeubles et sites qui sont classés, cités ou déclarés comme patrimoniaux. Les utilisateur·rice·s de MONA pourront donc partir à la découverte de nombreux immeubles et sites patrimoniaux. L’application a pour fonction d’initier les publics et les accompagner dans le monde encore méconnu du patrimoine québécois.
Tout au long de notre phase de recherche, une question difficile et pourtant cruciale nous préoccupait: comment présenter le patrimoine de façon éducative et limpide. Il s’agit d’un questionnement légitime puisque le sujet n’est ni familier pour tou·te·s, ni très simple à comprendre ou à expliquer.
Après les entretiens avec plusieurs expert·e·s, j’ai compris qu’il n’y avait pas de manière « universelle » ou de norme pour présenter des biens patrimoniaux. Nous devons donc définir nos propres normes de présentation du patrimoine. C’est-à-dire qu’on doit décider par nous même des informations qui se retrouvent dans l’application comme s’il s’agissait d’un cartel d’exposition.
MONA se base sur les données ouvertes puisque celles-ci comportent plusieurs avantages. Elles permettent notamment de moissoner les informations mises à dispositions par les municipalités ou le ministère. Ainsi, nul besoin d’aller chercher toute cette information manuellement, une entrée à la fois. S’il y avait une mise à jour de ces données ouvertes, comme l’ajout d’un bâtiment patrimonial par exemple, cela signifie notre système pourra récupérer et intégrer cette information complémentaire.
Cependant, travailler avec des données ouvertes pose aussi certaines limites. Il arrive parfois que certaines informations ne soient pas disponibles ou encore, pas utilisables. Les données ouvertes du MCC ne contiennent pas absolument toutes les informations dont on peut avoir besoin au sujet des biens patrimoniaux québécois. Les architectes, entre autres choses, ne sont pas répertorié·e·s, mis à par dans certains cas dans un texte explicatif (plusieurs textes sont tronqués d’ailleurs). Il n’est donc pas possible pour nous de présenter les architectes des bâtiments qui seront présentés sur l’application. Nous pouvons cependant partager le nom du bien patrimonial, sa date de début et de fin de construction, son usage, l’emplacement exact où il se trouve et son statut (bien classé, cité ou déclaré). Nous avons dû nous rendre à l’évidence que certaines données seraient inutilisables, car malheureusement corrompues, rendant donc impossible, pour le moment, de partager les aires de protection de divers sites patrimoniaux dans l’application.
Malgré les embûches, le projet Patrimoine va bon train. Toute l’équipe de la Maison MONA travaille dans l’objectif d’une mise à jour de l’application au printemps 2022. Parallèlement au développement de cette nouvelle version incluant les lieux patrimoniaux, nous planifions les activités qui auront lieu à l’été 2022 en lien avec le projet Patrimoine. Nous travaillons à établir des partenariats forts stimulants dans les quartiers Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et Montréal-Nord afin d’y animer des activités.
Pour clore cette deuxième entrée de blogue au sujet du Projet patrimoine, puisque je suis particulièrement friande des balados ces temps-ci, en voici quelques-uns qui ont attiré mon attention lors de mes recherches. Le musée Pointe-à-Callière propose le balado Raconter Montréal qui se concentre surtout sur l’archéologie et l’histoire de Montréal. Le Goût du Son offre quelques épisodes pour découvrir des quartiers ou bâtiments montréalais, l’épisode Côte-des-Neiges, hier à aujourd’hui incite les auditeurs à déambuler dans le quartier en suivant les indications du narrateur. Cadre bâti aborde des thématiques fort intéressantes, l’épisode 9 - Le patrimoine kitsch au Québec avec Roxanne Arsenault et Caroline Dubuc s’est révélé très éducatif. Pour découvrir Montréal sous un nouveau jour, je recommande aussi les balados suivants: Uptown, Histoire de quartier réalisé par la Ville de Montréal, Bienvenue à Cité-des-Prairies et La ruée vers l’Est. Ces derniers n’ont pas de lien direct avec le patrimoine, mais je les recommande fortement pour les curieux qui veulent en savoir toujours plus sur l’histoire des différents quartiers.
Voici les liens vers les données ouvertes du minitère de la Culture et des Communications:
Projet financé dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal conclue entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.